C’est sous un soleil radieux qu’environ 250 convives sont venus assister à l’inauguration du téléphérique à gravats ce lundi 17 juin à Clichy-la-Garenne.
À bord d’une péniche accostée Quai de Clichy affrétée pour l’occasion, les invités observent l’impressionnante et insolite installation qui se dresse au-dessus de la Seine. Dressés de part et autre du fleuve, 4 pylônes de 35 mètres de haut soutiennent deux lignes de câbles parallèles sur lesquels circulent deux blondins. Une benne à gravats colorée suspendue dans les airs s’approche lentement, entame sa lourde descente avant de venir se poser délicatement sur le quai. En quelques secondes, une bouteille de champagne vient se briser sur la paroi sous les applaudissements : le premier téléphérique à déblaiement de France est officiellement inauguré !
L’idée de ce téléphérique est non seulement inédite, mais elle est surtout ingénieuse. Imaginée par CITALLIOS à partir d’une idée de S’Pace Architecture, l’ouvrage permet de faire transiter un total de 140 000 m³, soit l’équivalent de 1 500 tonnes de déchets par jour et 200 tonnes par heure qui seront évacuées par voie fluviale vers des sites de traitement et de valorisation en Ile-de-France et en Normandie. Ces déchets proviennent d’un terrain de 2000 m² sur lequel était implanté l’ancienne usine à gaz de la Ville et actuellement occupé par divers bâtiments aujourd’hui vides. Les rotations des bennes de déblaiement dureront 7 mois, après lesquels les travaux de construction pourront démarrer. L’opération aboutira en 2022 à la création de 47 000 m² de bureaux pour le compte du promoteur Redman.
Une pluralité d’acteurs pour un projet ingénieux
La mise en œuvre de cette imposante structure a nécessité la concertation d’une pluralité d’acteurs : Vinci Construction Terrassement, qui a remporté en novembre 2018 l’appel d’offres organisé par CITALLIOS ; Mecamont Hydro, concepteur spécialiste des téléphériques de chantier en montagne, qui s’est associé avec Vinci ; Haropa – Ports de Paris, qui est intervenue pour accueillir la zone de déchargement sur le quai de Clichy ; et Voies navigables de France (VNF) pour l’installation des câbles.
« Et il aura fallu beaucoup d’étapes pour en arriver là » précise Agnès Fauquembergue, Directrice de projets chez CITALLIOS, en rappelant « l’importance d’avoir noué des liens solides avec tous les prestataires ».
Un projet soutenu par la Région Ile-de-France dans le cadre de son dispositif « 100 quartiers innovants et écologiques », mais aussi par AXA et CITALLIOS.
Un chantier respectueux de l’environnement
Mais si ce projet « écologiquement, techniquement et artistiquement innovant » a pu voir le jour, c’est avant tout, comme l’a souligné Pierre Bédier « grâce à la volonté de monsieur le maire de réaliser un chantier sans camions ». Car le recours au transport fluvial est un mode alternatif d’évacuation des déblais qui permet de lutter contre les émanations de poussière, de limiter les nuisances sonores et de préserver l’état des voiries.
Comme le souligne Germain Aunidas, Directeur général de AXA IM-Real Estate « ce chantier constituera un véritable soulagement pour la population ». Il permettra en effet de réduire de 35% les émissions de CO2, et ainsi de rendre le projet d’aménagement plus acceptable pour les habitants.
En partant du constat que le premier kilomètre de déblais est souvent le plus complexe à évacuer, il était important de réfléchir à une solution capable de contenir 10 000 rotations de camions. Et comme l’a justement Benoît Denizot, président de Vinci Construction Terrassement, « règlements administratifs, contraintes techniques, financières… de l’audace à la mise en œuvre, le chemin parcouru a été long ».
Une exposition urbaine éphémère au-dessus de la Seine
Pour le côté « esthétique », CITALLIOS a soutenu une « exposition artistique aérienne », avec la maison de production d’art urbain Quai 36 signe et l’artiste français Blo, qui s’est approprié deux des quatre bennes à gravats. Un peu de couleur dans le ciel pour ces monstres d’une capacité de 20 tonnes chacune.
Le Quartier du Bac en quelques chiffres
- 5 ha pour le parc des Impressionnistes
- Environ 1 000 nouveaux logements
- 4 000 m² de commerces
- 66 000 m² de bureaux
- 12 900 m² à vocation industrielle
- 4 000 m² pour un hôtel
- 4 équipements publics
Pour en savoir plus sur l’opération du Quartier du Bac
© Philippe Couette Photographe – Citallios