Retours d’expériences, visions territoriales, ANRU I, ANRU II, règlementation générale, financements de l’ANRU, expérimentations, sujets prioritaires et temporalité dans les quartiers, vision patrimoniale… de nombreux sujets ont été abordés par les intervenants présents au café Les Deux Stations le vendredi 5 octobre 2018. Objectif : comprendre et orienter les questionnements actuels vers des outils de réflexion qui permettront de relancer la rénovation urbaine dans un contexte de nouvelle donne sociétale.
Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes, a tenu à souligner avant tout « l’importance d’une lisibilité financière pour amorcer les projets ». En tant que première vice-présidente de la Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise et vice-présidente du département des Yvelines, elle a également tenu à rappeler que même si « la prise en charge par les intercommunalités a évidemment ralenti les choses (…) les programmes sont maintenant solidement pris en main et ils avancent vraiment ». Une prise en main facilitée dans la mesure où « au niveau des quartiers, il y avait des choses qui étaient déjà prêtes » ; un « démarrage anticipé » qui doit amener les élus à « avoir cette humilité de se dire que les grands plans sont écrits ».
Nicolas Grivel, Directeur général de l’ANRU dresse le constat d’une période désormais révolue, une sorte de temps d’entre deux phases entre l’ANRU I et l’ANRU II, qui a été un temps long, provoquant deux ou trois années d’incertitude sur ces projets de renouvellement urbain. Une transition qui s’explique légitimement par un enchaînement complexe, des ajustements financiers, de nouveaux programmes lancés dans une dynamique encore plus ambitieuse que le premier et les balbutiements dans les rééquilibrages territoriaux.
Sur ce sujet, comme le précise Anne Blondeau, DGA Grands projets et Renouvellement Urbain de CITALLIOS : « en tant qu’aménageur, il a été nécessaire de développer une capacité à faire la synthèse », mais aussi de s’adapter, à tous les niveaux : « aux changements du point de vue des grands règlements de l’ANRU, mais aussi du point de vue de l’organisation territoriale et géographique ».
Aujourd’hui, tous s’accordent à dire que les projets avancent bien. Anne-Sophie Grave, Directrice générale d’Immobilière 3F se réjouit d’ailleurs de « cette accélération (…) et des projets qui démarrent». Surtout à l’heure où « les bailleurs sociaux ont de plus en plus de capacités pour accompagner les politiques publiques », sachant que « chaque projet ANRU a sa problématique propre ».
Après le constat, quelles solutions ?
Nicolas Grivel expose parfaitement les choses en expliquant que pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers, il est nécessaire de « penser à l’échelle intercommunal, pas uniquement par programmes immobiliers distincts », avant d’ajouter que « le piège absolu qu’il faut éviter, c’est de penser le développement économique dans le cadre de la politique de la ville et non du quartier ».
Après avoir affirmé que « l’appui la rénovation urbaine n’a pas transformé le peuplement des quartiers », une piste évoquée et non négligeable évoquée par Renaud Epstein, Docteur en sociologie et Maître de conférences en Sciences politiques à Sciences Po est celle de l’implication « réelle » des habitants. Car « en laissant les habitants à l’écart, on ne permet pas l’appropriation des projets, des dynamiques de développement endogène et donc de produire une autre forme de mixité sociale ».
Antoine Viger-Kohler, architecte et urbaniste, fondateur et associé de TVK affirme quant à lui qu’il faut poursuivre dans une direction qui est la bonne : « ce qu’a changé l’ANRU II, c’est qu’on a d’abord défini le cadre d’un projet et ensuite le financement et non pas l’inverse ».
Sur le sujet de la vision patrimoniale, il est soutenu par Mme Arenou : « La démolition n’est pas forcément la solution ». « Aujourd’hui, les gens se plaignent plus du manque d’aménité de leurs espaces publics plutôt que de la qualité de leur logement. »
Si une citation devait symboliquement venir clôre ce débat et permettre de guider l’action de tous vers un objectif commun, nous pourrions citer Daniel Béhar, professeur à l’École d’urbanisme de Paris, qui disait : « il faut donner l’envie à chacun de rester et les moyens de partir ».
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